Le métier de VTC est devenu extrêmement accessible, ce qui explique pourquoi tant de profils différents s’y lancent. Peu importe leur motivation, tous ont été attirés par la facilité d’entrée dans le métier.
Autrefois, devenir VTC demandait un véritable engagement : formations coûteuses, véhicules aux critères stricts (longueur, largeur, puissance), et un certain professionnalisme. Aujourd’hui, tout cela a changé :
Beaucoup de chauffeurs en complément de revenus choisissent le VTC parce que c’est facile :
Cette absence de barrières à l’entrée a fait exploser le nombre de chauffeurs VTC, mais pas forcément des bons chauffeurs. Beaucoup sont là par facilité, sans réelle ambition ni engagement dans le métier, ce qui nuit à la qualité globale du service et entraîne une dévalorisation progressive du secteur.
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L’algorithme favorise souvent ce type de chauffeur car il a un chiffre d’affaires bas sur la semaine.
Ne s’investit pas à long terme dans le métier et ne cherche pas à développer une clientèle privée.
Un point fondamental doit être expliqué pour lever toute confusion : si la rentabilité réelle d’un chauffeur VTC est aussi faible, pourquoi autant de chauffeurs continuent-ils d’exercer ce métier ?
La réponse est simple et repose sur une déconnexion totale entre la perception du temps et la valeur du travail. La majorité des chauffeurs VTC ne calculent jamais leur taux horaire réel. Ils ne prennent en compte que les heures passées en course, c’est-à-dire en conduite avec un passager à bord, et ignorent totalement les heures d’attente, pourtant incontournables, passées à disposition des plateformes dans l’espoir d’une prochaine course.
Pour ces chauffeurs, le temps passé à attendre n’a aucune valeur. Leur temps est littéralement offert gratuitement aux plateformes, qui en profitent pour ajuster l’offre en fonction de la demande, sans aucun coût supplémentaire pour elles. Cette mise à disposition passive fausse totalement la perception de leur rentabilité.
Ce fonctionnement fait qu’au lieu de raisonner en taux horaire réel, ces chauffeurs ne regardent que le montant final de leur chiffre d’affaires à la fin de la semaine ou du mois. Peu leur importe d’avoir passé 60, 70 ou même 90 heures connectés pour obtenir ce montant : seul le chiffre final compte à leurs yeux, même s’il est obtenu au prix d’un temps de travail écrasant.
Cette logique est à l’opposé complet d’un raisonnement sain où le temps de travail a une valeur. Ce modèle empêche toute optimisation du temps, car les chauffeurs ne cherchent pas à maximiser leur rentabilité horaire, mais uniquement à accumuler un maximum de chiffre d’affaires, quelles que soient les heures nécessaires pour y parvenir.
Pour illustrer cette déconnexion, prenons un exemple simple :
Sur cette somme, il faut bien sûr déduire les charges incompressibles :
En revanche, les cotisations URSSAF ne seront volontairement pas prises en compte dans ce calcul de réalité, car la majorité des chauffeurs (plus de 70% selon certaines estimations) ne déclarent pas la totalité de leur chiffre d’affaires et échappent donc à ces cotisations. Ce n’est pas une incitation, c’est un constat factuel.
Ainsi, même en excluant les cotisations sociales, le revenu net de ces chauffeurs, après déduction des charges réelles, doit être divisé par le nombre total d’heures de connexion (y compris les heures d’attente, puisque le véhicule et le chauffeur sont mobilisés). Ce calcul révèle systématiquement un taux horaire réel inférieur au SMIC, même sans URSSAF.
En clair, même ceux qui échappent à certaines charges sociales se retrouvent, dans les faits, avec un revenu horaire de misère. Ils l’acceptent uniquement parce qu’ils ne valorisent pas leur temps et qu’ils ne réalisent pas l’écart entre ce qu’ils encaissent et le temps qu’ils y consacrent réellement.
C’est ce point crucial qui explique pourquoi tant de chauffeurs continuent malgré tout : ils raisonnent uniquement en chiffre final, sans jamais faire le lien avec le nombre d’heures nécessaire pour y parvenir. Ce mode de pensée, entretenu par les plateformes elles-mêmes, bloque toute possibilité de prise de conscience et d’évolution vers une meilleure rentabilité.
Tant qu’un chauffeur n’attribue aucune valeur à son temps, il restera convaincu que « le VTC ça paye », alors que la réalité économique démontre précisément le contraire.